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Je ne rédige pas de plan pour écrire mes romans, mais en ce qui concerne la correction, j’aime vraiment cet outil. Je l’ai adopté il y a des années, et je l’ai même proposé pour le cycle de Cocyclics, où il sert de transition entre deux phases de bêta-lecture de roman. D’ailleurs, je fais un plan de correction après mon premier jet, et un second quand je reçois les commentaires de mes bêta-lectrices.

Les listes, c’est pratique

Comme je suis une grande bordélique, mon plan se constitue de listes à puces divisées en catégories que je remplis avant d’attaquer la correction en elle-même. Pendant la correction, je raye au fur et à mesure, et à la fin de la relecture, je  vérifie que je n’ai rien oublié. Rien de très compliqué.

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Plutôt qu’une liste de catégories, on peut suivre la trame chapitre par chapitre. Ou encore, procéder avec des post-its, virtuels ou pas. Ca doit être sympa un grand mur recouvert de post-its colorés qu’on arrache victorieusement à chaque correction faite. 😀

Peu importe, du moment que vous notez ce que vous voulez corriger et que vous vous y retrouvez.

A quoi sert le plan de correction ?

Le but, c’est de matérialiser la correction et ses progrès. Si vous corrigez votre roman sans plan, vous pouvez faire tout aussi bien, mais vous risquez d’oublier certaines corrections. D’autre part, c’est très encourageant de rayer au fur et à mesure les éléments de ce plan, parce qu’une correction, ça peut être très long et que constater qu’on avance aide à garder le moral.

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De cette façon, vous gardez aussi une trace de votre travail, qui vous sera utile par la suite quand vous recevrez des retours sur le texte pour les trier, afin de voir ce que votre correction n’aura pas couvert justement.

Que mettre dans le plan de correction ?

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un plan, donc il doit rester succint. Inutile de romancer et de s’étaler, parce que sinon, ça prend l’allure d’une montagne. La bonne idée, c’est de noter le remède plutôt que le mal. Un plan de correction est beaucoup plus utile s’il a permis de prendre ses décisions en amont, de sorte à ne pas hésiter (trop) une fois dans le texte et à ne pas se retrouver perdu dans la tempête si on ne sait pas par quel bout prendre une scène*.  [Mon conseil dans ce cas, ne tergiversez pas. Supprimez et réécrivez, ou bien revenez-y plus tard.]

Par exemple, plutôt que d’écrire « retravailler le comportement de untel », lister en quelques points en quoi doit consister ce comportement. Ci-dessous, mon cher commandant Mdia a un problème physique, mais cela ne se voit pas de prime abord, donc j’ai trouvé une parade : il doit se masser la cuisse plus souvent pour que son « problème » ne paraisse pas sorti tout droit de mon chapeau au moment où il se révèlera.

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Dans mon plan, chaque personnage principal a droit à sa petite liste. Je n’aime pas faire de fiches personnages préparatoires, mais je trouve très utile de lister des corrections spécifiques à chaque protagoniste, afin de renforcer leur caractérisation.

A mon avis, le plan de correction doit comporter au minimum (en gras, les catégories) :

  • Les scènes que vous devez ajouter, supprimer ou réécrire pour des questions de cohérence.
  • Les aspects à renforcer : des éléments qui ne sont pas assez visibles ou inexistants alors qu’ils sont nécessaires à la solidité de l’ensemble.
  • Les recherches supplémentaires à effectuer sur ce que vous n’aviez pas anticipé et sur lequel vous êtes vite passé à l’écriture.
  • Vos tics d’écriture si vous en avez identifié, comme par exemple, l’emploi d’adverbes ou de verbes faibles dont vous abusez, mais aussi si vous commencez vos scènes toujours de la même façon, ou si vos descriptions sont répétitives, etc.
  • Les questions ouvertes ou celles à fermer le cas échéant.
  • Les gros changements à reporter sur tout le texte.
  • Divers :
    • Les redécoupages
    • Les consignes pour les changements de point vue
    • Les orthographes à vérifier sur tout le document (comme les noms, prénoms, lieux, etc.)
  • Bonus: Une timeline des évènements à laquelle vous référer en cas de besoin.

Avant de commencer, se relire

Comme le stipule le conseil n°2 de mon article, 10 conseils pour corriger un roman, c’est une bonne idée de relire le premier jet sans le modifier, d’une traite. Bien sûr, c’est très frustrant de ne pas modifier les évidences qui s’imposent, mais parce qu’elles sont évidentes, ce ne seront pas les plus difficiles à corriger. Vous pouvez d’ailleurs combattre cette frustration en les ajoutant dans votre plan de correction.

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D’ailleurs, si vous avez pris des notes pendant l’écriture (excellente idée), vous avez là une matière première en or pour remplir votre première mouture de plan. Vous faites peut-être comme moi ; histoire de gagner du temps, je prends des notes au fur et à mesure que j’écris, directement dans le texte sous la forme de bulle de commentaire (disponible sur Open Office comme sur word.)

Avant de commencer, réfléchir à son texte

J’ai l’impression que tout nous pousse à nous presser pour tout, sans arrêt, à ne pas prendre le temps, parce qu’il se fait rare.

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Qu’il s’agisse de deadlines, de contraintes extérieures ou bien de ce frénétique besoin d’avancer, notre époque me semble être devenue une inimaginable machine à broyer le temps, où chaque seconde est occupée. L’intrusion des réseaux sociaux dans notre quotidien n’aide pas d’ailleurs. Mais un texte est autant le fruit du coeur que de l’esprit, chacun conjuguant l’autre au fil des mots. Le premiet jet livre une histoire sous forme d’une image brute peinte avec des mots, une image qu’il convient d’observer avant d’affiner les traits, de creuser les ombres et d’accentuer les couleurs.

A Tribute to Adam Martinakis by GameL +Adam Martinakis source: 3DVF.com/GameL. GIF animation by George RedHawk.

A chacun sa façon de procéder, bien sûr. Mais penser à son texte en profondeur est à mon sens d’une grande importance pour le définir et lui donner une identité propre : il faut se questionner sur ce que l’on a écrit, mais aussi sur ce qu’on voudrait avoir écrit.

De mon côté, je revois le « film » intérieur de mon histoire, je me repasse mentalement les moments clés… Je prends le temps de rêver « éveillée », souvent en écoutant  la musique sur laquelle j’ai écrit mes scènes afin d’en retrouver l’émotion. De cette façon, j’évalue ce qui m’importe le plus, ce qui m’a marquée. Et je réfléchis à la symbolique des images, aux détails qui me froissent, aux personnages et à  leurs actes, à ce qui me remue et au sens qui résulte de l’ensemble, à l’histoire derrière l’histoire.

Cette phase de réflexion me permet d’y voir beaucoup plus clair. C’est comme un tête-à-tête avec mon texte, les yeux dans les yeux.

Un plan est vivant

Le plan évolue à mesure qu’on avance dans sa correction : on ajoute de nouveaux points, on en supprime, on change d’avis. C’est normal, car corriger, c’est aussi faire acte de création.

Faites-vous confiance. Si une fois dans le texte, vous ne sentez plus une correction, c’est qu’il y a une raison. Cherchez une autre façon de résoudre le problème, et sinon, laissez la question ouverte dans le plan. Certaines choses s’éclaircissent plus tard ou par le biais d’autres corrections. Et si vous doutez encore par la suite, ne réfléchissez pas trop longtemps : tranchez, prenez une décision. Si elle est mauvaise, vous vous en apercevrez tôt ou tard et vous viendrez rectifier le tir.

Conclusion

J’espère que ce modeste artcle vous sera utile. Si certains points ne sont pas clairs, n’hésitez pas à me poser une question en commentaire. 😉

 

5 Replies to “Le plan de correction”

  1. Article très utile, comme toujours ! A chaque fois, ça me file des sueurs froides devant l’ampleur du travail et en même temps ça me rebooste, ça me redonne envie de me plonger dans le roman commencé depuis des années et jamais fini, faute de temps et souvent aussi de motivation. Cet été, je vais avoir du temps pour moi, alors j’y crois, que je vais m’y remettre ! D’abord finir le premier jet, tant pis pour la qualité, et j’appliquerai ensuite tes conseils pour les corrections 🙂

    1. Dis-toi bien que tout le monde a des sueurs froides devant l’ampleur du travail. C’est une grande folie d’écrire un roman. C’est bien pour ça qu’il faut se montrer déraisonnable et le faire quand même 😀 Tu as raison, ne pense pas à la qualité au début, le premier jet pose ton histoire 😉

  2. Merci beaucoup pour ces astuces ! Mes plans de correction sont généralement de beaux exemples de désorganisation, grâce à cet article je devrais réussir à les améliorer 😀

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