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Félicitations ! Vous êtes l’heureux auteur d’un roman sur lequel vous avez apposé le mot « Fin » (moment magique s’il en est).

Vous avez le droit d’être fier !

Passé le soulagement et la joie d’avoir terminé, vous vous préparez à attaquer vos corrections, mais la liste des problèmes potentiels est longue : construction, cohérence, traitement des personnages, rythme, style, etc. Ce n’est pas toujours évident de savoir par où commencer.

Comme dans les 10 conseils pour écrire un roman, il n’y a là rien de révolutionnaire. Ils marchent pour moi, à vous de piocher de ce qui vous convient ou pas. Personne ne corrige de la même façon son texte, car personne n’écrit pareil, et c’est tant mieux. 😉

 

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Lorsque vous venez de finir votre roman, il y a de bonnes chances pour que vous soyez encore « dedans ». Votre cerveau connait tout de ce texte, alors il risque de remplir les blancs ou de ne pas s’arrêter aux incohérences qui, selon lui, sont équivalents à des faits établis. C’est pourquoi attaquer bille en tête la relecture quand on vient de poser son premier jet (terminé de chez terminé) n’est pas forcément la meilleure option.

Prendre du recul permet donc d’attaquer le texte avec un oeil plus neuf (en théorie).

Pas évident, surtout quand on a envie d’attaquer direct.

Vous pouvez par exemple :

  • Laisser reposer le texte dans un tiroir plusieurs semaines ou mois (tout dépend de votre degré de patience).
  • Travailler sur un autre texte avant de revenir à celui-là.
  • Vous faire un marathon lecture pour vous changer les idées.
  • L’imprimer avec une autre mise en page afin de vous le rendre étranger. (C’est mon truc à moi.)
  • Rédiger un synopsis détaillé (c’est une autre façon d’aborder le texte – ça servira toujours plus tard.)

 

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Le lire une fois en entier d’une traite, sans le retoucher, c’est un peu comme reculer de trois pas afin de regarder un tableau de plus loin. Cela donne une perception globale de l’histoire. Si vous aviez mis en musique une chanson, vous l’écouteriez en entier encore et encore avant de procéder à de nouveaux arrangements. Pour un roman, c’est plus compliqué (parce que plus long), mais je crois qu’il faut vraiment le faire au moins une fois.

Essayez de faire abstraction des problèmes de style et d’orthographe, prenez des notes au fur et à mesure en vous concentrant sur l’histoire, les personnages, les thèmes, les intrigues, le rythme, etc.

Pas évident de tenir face aux coquilles.

Si vous vous arrêtez sur tous les petits problèmes de forme qui parsèment un premier jet, cette multitude risque de vous aveugler et de noyer les éléments plus complexes à cerner, ceux qui donneront à votre texte l’élégance d’un zombie unijambiste qu’on aurait affublé d’un tutu rose et de ballerines.

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Définissez vos intentions vis-à-vis de ce texte. Est-ce une histoire d’amour ? Un roman sur les luttes de pouvoirs ? Une quête identitaire ? Qu’avez-vous mis dedans ? Des peurs ? De la colère ? De l’espoir ?

Ca, Loki ne manque pas d’ambition.

Avec un regard moins investi, vous devriez mieux cerner votre histoire et surtout, déterminer ce qui vous paraît important, ce à quoi vous tenez vraiment, ce que vous voulez mettre en avant ou conserver à tout prix. C’est ce qui vous permettra de justifier vos choix ou d’en faire de nouveaux, car il est important que vos prochains ajustements en tiennent compte.

PS: si vous ne savez pas répondre à cette question, essayez de le pitcher, ça vous aidera peut-être à y voir plus clair. Sinon, le synopsis est un excellent exercice pour dégager ce qui est le plus important dans le texte.

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Avant de vous lancer, reprenez vos notes et faites une liste de ce que vous êtes décidé à corriger, voire de comment vous allez le corriger.

Ce n’est pas le moment le plus drôle, on est d’accord.

Normalement, vous devez savoir où vous allez grâce au point numéro 3. Enfin, plus ou moins, on fait tous comme on peut après un premier jet.

Votre plan de correction sera un outil pour vous assurer que vous n’avez rien oublié et, en prime, vous aurez la preuve que votre correction progresse à mesure que vous barrerez des éléments. C’est excellent pour le moral. Parce que c’est long, une correction. 😉

 

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Taillez, réécrivez, soyez sans pitié. L’un des défauts les plus répandus dans les premiers jets, c’est de contenir trop de choses.

Sans pitié !

Il faut faire des choix. Certaines idées/scènes/actions sont en trop pour différentes raisons (problème de rythme, complexité inutile, lourdeur, redondance) alors sacrifiez-les sans vergogne. Même si c’est dur d’enlever un bout de texte que vous aimez, notez que vous pouvez le garder sous le coude au cas où vous changeriez d’avis.

 

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C’est plus efficace de commencer par le fond ; si vous faites d’abord la correction de forme et qu’ensuite vous réécrivez plein de passages, vous aurez perdu du temps sur ce que vous avez jeté.

Pour une correction de forme efficace, je vous conseille de vous faire bêta-lire un extrait ou des nouvelles au préalable, afin d’identifier vos problèmes de style. On a tous nos petites marottes (répétitionite aigüe, problème de gestion des référents, vocabulaire exotique, etc.) Une fois ses défauts identifiés, c’est plus simple d’en débarrasser le roman.

Au revoir, les répétitions…

N’oubliez pas la grammaire et l’orthographe. Et pensez à bien retravailler les dialogues (souvent déterminants dans les comités de lecture).

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On les appelle aussi bêta-lecteurs dans le jargon. Vous  avez fait de votre mieux, mais il vous est impossible d’avoir identifié tous les problèmes seul. Si vous avez fait l’expérience de bêta-lire des collègues (je vous le conseille, c’est hautement formateur), vous savez qu’il est plus simple de voir les défauts d’un autre texte que le sien.

Cherchez un ou des relecteurs de préférence une fois que vous avez relu et corrigé votre premier jet (ce sera plus efficace) et parmi votre « public » potentiel – inutile de soumettre un roman de SF à quelqu’un qui déteste la SF.

C’est encore mieux de trouver une personne qui vous a déjà lu et aime votre style.

Le bêta-lecteur, quand il reçoit votre texte. Ah ah.

Si vous ne connaissez personne, trouvez d’autres auteurs en vous inscrivant à un atelier d’écriture ou sur un forum comme CoCyclics (qui propose une méthode un peu plus élaborée et très efficace pour corriger un roman, mais qui est surtout super pour rencontrer auteurs et bêta-lecteurs).

ps: j’ai tendance à limiter les relecteurs ; pas plus de 3 personnes à la fois me paraît judicieux.

J’en profite pour faire coucou à Silène Edgar, Nadia Coste, Pénélope Chester, Cindy Van Wilder, Marie-Catherine Daniel, entre autres, mes relectrices de choc.

Merci pour votre aide précieuse !

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Vous aurez beaucoup de retours: il y en a toujours beaucoup même sur un texte bien débroussaillé. Vous vous sentirez peut-être perdu dans un premier temps.

Des fois, ça secoue. :/

Ne paniquez pas. Faites un tri et analysez les retours en premier lieu (sans vous braquer).

  • Rédigez de nouveau un plan.
  • Ne faites aucune modification tant que vous n’êtes pas convaincu qu’elle améliorera votre texte.
  • Privilégiez les retours qui se répètent (si 3 lecteurs vous font la même remarque, c’est qu’il y a une noix de coco dans le bananier).
  • Si les lecteurs sont d’accord et insistent sur un élément auquel vous tenez mordicus, renforcez votre texte de sorte à rendre cet élément irréfutable (quitte à sacrifier quelque chose d’autre ou à rajouter un élément manquant ailleurs).
  • Discutez des retours et des problèmes avec vos relecteurs. Plus vous en parlez avec eux, plus les choses vous apparaîtront clairement.
Les encouragements aussi, ça aide à ce stade.

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C’est optionnel pour tous ceux qui ne supportent pas les manuels d’écriture 😀

Pourtant, en lire apporte des connaissances supplémentaires sur les procédés narratifs et surtout, vous pensez bien que vous n’êtes pas le seul auteur sur terre à avoir (eu) des problèmes de caractérisation, de tension, de rythme, etc.

Si-si, je vous jure.

Il est possible qu’en lisant des conseils d’auteurs (comme la Dramaturgie d’Yves Lavandier, Mémoires de Stéphen King, etc.), vous trouviez de l’inspiration pour résoudre vos propres problèmes. Je me suis même fendue d’un petit article à ce sujet.

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Au bout de 3-4 relectures, parfois avant, votre texte vous sortira par les yeux et il sera temps de vous arrêter. Certains d’entre nous ne sont jamais satisfaits même une fois le bouquin imprimé et en librairie. Il faut apprendre à vivre avec.

C’est du vécu.

De toute façon, je ne crois pas que le livre parfait existe. Et puis, d’autres histoires vous attendent. 😉

 

Bonus track : un article de Rue89 sur les rejets de manuscrit, dont le commentaire de Dave Feng m’a paru en relation avec l’objet de cet article. Si vous êtes un primo-romancier, je vous conseille de bien soigner votre manuscrit avant envoi. 😉

2/ Il y a 10% des propositions où il y a du potentiel, mais qu’il va falloir beaucoup retravailler. Or, retravailler, c’est parfois entrer dans un processus complexe, face à un auteur qui peut s’arc-bouter sur certaines choses. C’est long et parfois pénible. Donc, cela vaut-il le coup de passer trois-quatre semaines pénibles pour, à terme, vendre 700 à 1500 exemplaires ? Pas sûr.

 

4 Replies to “10 conseils pour corriger un roman”

  1. Un article très clair et très pratique. La réécriture est une partie délicate et parfois douloureuse. Parfois aussi exaltante quand les corrections estompent les défauts et rapprochent l’histoire des intentions de départ. Merci pour ce partage.

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