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BookBB2Comme certains d’entre vous le savent, la Balance Brisée est une série jeunesse, tout public. Si l’objectif premier (et avoué) de la série est le plaisir de lecture, il n’empêche que j’en profite pour y aborder des thèmes délicats.

Dans le tome 1, il s’agissait du deuil. Dans le tome 2, Phénoménale, l’héroïne est confrontée au harcèlement d’une camarade dans son collège. J’ai envie d’en parler un peu plus ici aujourd’hui.

PS: Divulgâcheur s’emploie au Canada à la place de spoiler. ^__^

Note: Je ne suis pas une spécialiste du harcèlement. Cependant, un jour, une jeune fille m’a demandé ce qu’elle devait faire, à moi, une adulte. C’est ce qui m’a donné envie d’écrire cette histoire.

Le harcèlement existe à des degrés divers ; par degrés divers, j’entends des moqueries répétées à des cas de violence aggravée à l’égard des victimes (des embuscades et des coups, par exemple); dans tous les cas, ces attaques nuiront à la construction personnelle de l’adolescent, sans parler de son quotidien.

C’est malheureusement un problème banal et récurrent, ce qui ne le rend pas plus simple à aborder pour autant. [Divulgâcheur – à surligner avec le curseur] Le harcèlement met en scène plusieurs protagonistes, de la victime au harceleur en passant par les témoins, et j’ai choisi de livrer le regard d’un témoin (Elie, la narratrice) plutôt que d’une victime pour différentes raisons.

Dans Phénoménale

La jeune personne agressée est jolie, intelligente, sportive, bien habillée, et elle ne demande rien à personne, mais elle devient quand même la bête noire  de deux pestes qui voient en elle une rivale.

[Divulgâcheur] En plus d’être une nouvelle élève, elle est différente, elle déplaît. N’importe quelle différence peut devenir un prétexte pour un agresseur (la taille, le poids, l’acné, les vêtements, etc.) et quel qu’il soit, ce prétexte permet de rejeter la faute sur la victime.

Lorsque le lecteur apprend à connaître notre personnage harcelé, il se rend compte qu’elle est beaucoup plus « cool » que ce qu’elle paraissait. (Désolée pour mon discours djeunisant.)

[Divulgâcheur] Elle est aussi beaucoup plus forte, par nature, que ses agresseurs : elle n’est pas faible. Elle cache en elle des ressources insoupçonnées.

Ce qui envoie plusieurs messages positifs, du moins je l’espère, aux lecteurs à travers le phénomène d’identification : n’importe qui peut devenir une cible (ce n’est pas de votre faute + ça peut vous arriver) ; qui que  soit la cible, elle ne l’a pas mérité ; la cible n’est pas une personne faible et elle peut surprendre son agresseur.

[Divulgâcheur] Et tout au long du livre, Elie et ses copines montrent l’exemple. Elles réagissent, elles pointent du doigt, elles s’interposent, même celles qui n’ont aucun pouvoir.

Il suffit en général  qu’une personne se dresse pour qu’une autre suive. Dans Phénoménale, ce sont donc les autres élèves qui font la différence. Pas la victime.

J’ai lu beaucoup de livres où un/une élève devient une cible et finit par s’en sortir, parce qu’il est malin/fort/magique, etc. Quel message cela envoie-t-il potentiellement à la victime ? Que si elle ne s’en sort pas, c’est de sa faute parce qu’elle n’a pas été assez maline/forte/magique. Alors que le problème réside du côté de l’agresseur.

Dans Phénoménale, la personne qui harcèle n’a pas peur que quelqu’un intervienne, parce que cela se produit rarement et que de toute façon, elle se croit dans son bon droit. Elle a l’impression d’avoir un public qui l’approuve. Aucune de ses amies ne la critique ouvertement, ce qui l’empêche de se rendre compte de quelle façon elle est perçue par beaucoup de monde. Et ce personnage va plutôt loin, sans se soucier des conséquences [Divulgâcheur] ni prêter l’oreille aux protestations tant que celles-ci ne viennent pas de ses propres amies.

Elle n’a donc aucune raison de se remettre en question. Elle a beau savoir qu’elle agit mal parfois, c’est différent de l’entendre dans la bouche des autres et d’être exposée à la critique; un peu comme quand on vous prévient que ça va faire mal, que vous vous préparez, mais qu’ensuite vient la fulgurance de la douleur. Et puis, qui aime entendre ses quatre vérités ?

Notre héroïne Élie [Divulgâcheur] s’en charge et ce faisant, elle s’attaque au pouvoir social de l’agresseuse. Elle exprime très clairement son ressenti. Elle pèse ses actes (vive la Balance Brisée !) et envoie également un message fort de désapprobation au lecteur qui potentiellement maltraiterait un camarade. Les adolescents ne se rendent pas toujours compte de la portée de leurs actes (cf. par exemple, le lien Les victimes se reconnaissent, pas les harceleurs). Ils ont besoin qu’on le leur explique. Or, les adultes ne sont pas dans la cour pour s’en charger.

L’intention derrière le texte

Je n’ai pas la prétention de résoudre des problèmes avec cette histoire, j’essaie de mettre en lumière certains comportements pour les pointer du doigt au lecteur, tout en le ménageant à travers une bulle de confort (grâce à l’atmosphère de la Balance Brisée).

Ce roman ne traite pas du harcèlement de façon « violente », le thème est caché dans une enquête liée à la découverte d’un personnage et il ne gâche pas le plaisir d’une lecture avant tout divertissante.

J’espère néanmoins qu’à travers un bon moment de lecture, elle donnera de l’espoir à des adolescents qui en ont besoin, du courage à d’autres, et surtout qu’ils refermeront ce livre avec ce qu’il faut de baume au coeur. Si Phénoménale essaie de faire passer un message au lecteur, c’est qu’il ne faut pas rester insensible ou seul face au harcèlement.

Peut-être même que Phénoménale poussera quelques jeunes gens à discuter de ce qui leur arrive avec des adultes [Divulgâcheur – à surligner], comme le fait Elie avec sa tante Mag. Il peut être utile à un adulte, à mon avis,  afin de lancer une conversation sur le sujet avec des adolescents de sorte à « tâter le terrain ».

Car malheureusement, bien souvent, les adultes sont les derniers mis au courant de la situation quand ce type de problème survient.

Liens utiles

Et vous trouverez beaucoup d’informations en cherchant sur le net 😉

3 Replies to “Le harcèlement scolaire VS la Balance Brisée”

  1. Quand tu dis « J’ai lu beaucoup de livres où un/une élève devient une cible et finit par s’en sortir, parce qu’il est malin/fort/magique, etc. Quel message cela envoie-t-il potentiellement à la victime ? Que si elle ne s’en sort pas, c’est de sa faute parce qu’elle n’a pas été assez maline/forte/magique. Alors que le problème réside du côté de l’agresseur. »
    Je suis tellement mais tellement d’accord avec toi… Trop souvent les romans donnent l’impression que c’est à l’adolescent de se débrouiller pour s’en sortir mais c’est toujours impossible quand on est face à ça.
    Je crois qu’au fond les ados sont cruels et que ça les fait rire de faire peur à quelqu’un, une partie de leur cerveau concernant les émotions ne doit pas être complètement terminée huhu.

    Sur ce thème j’ai lu le témoignage de Noémya Grohan, De la rage dans mon cartable qui était plutôt révélateur de ce qui se passe dans ces cas là dans les établissements scolaires aussi, parce que souvent, les professeurs pensent « ils s’amusent, il n’y a pas de mal » et le jeune se retrouve face à un établissement qui ne fait rien et n’osera pas forcément en parler à ses parents. BREF. Voilà…

    1. Je ne sais pas s’ils sont vraiment méchants, certains peut-être mais c’est sûrement plus compliqué que ce qui est visible de l’extérieur. Ils manquent d’empathie, c’est sûr, ils retiennent le côté « jouissif » d’exercer un pouvoir et ils en retirent une certaine position sociale au sein du collège. Cela les amuse tout en leur donnant un sentiment d’importance, mais ils ont aussi l’impression que c’est normal, ça arrive tout le temps, c’est la loi du plus fort, etc.

      Alors que ce n’est *pas* normal. C’est mal. Chacun a le droit à la sécurité que ce soit à l’école ou dans la rue. J’ai vu des videos où les personnes expliquaient avoir changé d’établissement pour avoir la paix (ce que je comprends tout à fait), mais ce n’est pas normal. Ce sont les harceleurs qui devraient être contraints de partir, pas le contraire. Enfin bref, c’est ce que j’ai essayé de faire passer.

      Dans Phénoménale, j’essaie surtout de montrer comment ça devrait se passer normalement. ^^°

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